Wednesday, August 5, 2015

L’apologie de la maigreur et ses dangers



Sujet d’actualité  et délicat qui fait débat et divise les opinions : la maigreur de la femme tant plébiscité par les média et exploitées par la publicité et la mode est de plus en plus décriée. En mars 2015, le gouvernement a proposé un projet de loi visant à interdire aux agences à avoir recours à des mannequins dénutris. 

Revenons point par point sur l’origine du débat. Qu’est-ce que l’IMC ? Pourquoi ce projet de loi ?
Pourquoi n’est-ce pas si simple ?



Qu’est-ce que l’IMC :

L’IMC (Indice de masse corporelle) est un indice défini en 1997 par L’OMS (organisme mondial de la santé) comme le standard pour évaluer la corpulence de chacun et par conséquent les risques sanitaires liés au surpoids (ou à la maigreur) chez l’adulte.

L’IMC est un rapport du poids en kg divisé par la taille en mètre au carré : 

IMC = poids (kg)/taille(m)²

On considère que :

IMC< 18 : maigreur (voire dénutrition)
18<IMC<25: poids normal
25<IMC<30: surpoids
30<IMC < 35 : obésité modérée
35<IMC<40 : obésité sévère
IMC>40 : obésité massive ou morbide

Le projet de loi proposé en mars 2015 par Marisol Tourel  ministre de la santé, vise donc à interdire le recours aux mannequins dénutries, à savoir celles dont l’IMC est inférieur à 18.

Une image de la femme trop peu représentative :

Il n’est pas nécessaire d’être fin observateur pour se rendre compte qu’il existe un fossé entre, d’une part la femme « standard » qui peuple les trottoirs et d’autre part la femme qui arpente les podiums des défilés de mode ou celle qui est placardée sur les murs de nos villes. 

Les premières mesurent en France en moyenne 1m63 pour 63 kg avec un IMC moyen de 23.7 et une taille vêtement d’un bon 40.

Les secondes (les mannequins podiums étant l’exemple le plus flagrant) doivent mesurer au moins 1m72 (en pratique, elles sont plus proche du 1m79) pour un poids moyen de 55 kg (en pratique, peut descendre jusqu’à 50kg). L’IMC flirte donc plus fréquemment avec le 17 et la taille de vêtement correspond à du 36 voire même du 34.

Par ailleurs, depuis quelques années, on constate l’émergence d’une nouvelle vague de modèles, stars des réseaux sociaux (Instagram, Facebook et blogs) dont la dénutrition est « masquée » par une idéologie trompeuse prônant la santé et le sport.
Elles sont jeunes, bronzées, sportives, musclées, elles vantent leur alimentation saine (smoothies, sushis, graines germées et oléagineux) et pratiquent le yoga ou le fitness … mais leur tour de taille est plus proche du tour de cuisse de la française moyenne et leurs jambes sont d’une minceur alarmante.
A titre d'exemple : la jeune femme choisie pour illustrer ce billet est Sjanaelise, star d'Instagram, qui titre plus de 600k followers, dont la fascination pour leur modèle semble sans limite!
Elles sont les nouveaux diktats et modèles de l’adolescente et de la femme jeune, qui sont fascinés par leur corps et rassurées par l’idéologie « santé » qu’elles véhiculent. 

A côté de ça, l’émergence des mannequins grande taille ou King Size ou encore Size +, qui sont censés toucher les femmes dont la corpulence est plus élevée, mais qui sont en réalité représentées par des femmes dont les mensurations sont plus proches de … la femme standard ! 

Phénomène stigmatisant encore davantage la corpulence normale puisque la femme lambda fini par se reconnaître dans les mannequins grande taille et se considérer comme «forte », ce qui la pousse donc se mettre au régime alors qu’elle n’en a pas besoin. 

Les troubles alimentaires sont le mal du siècle

Quoi de plus étonnant donc, que cette prévalence des troubles alimentaires en perpétuelle augmentation depuis quelques décennies ?
Quand le modèle de la beauté féminine est une femme dont la corpulence est celle de moins de 4 % de la population française, quel est le message envoyé aux autres 96% ?
Comment des jeunes femmes tout juste sortie de la puberté peuvent-elles prendre le recul nécessaire pour accepter un nouveau corps si éloignés des stéréotypes de la beauté ?
Autant de question sans réponse acceptables qui ont poussé récemment les politiciens à repenser les textes de lois et proposer de nouveaux amendements.
Le principal est donc d’interdire le recours aux mannequins « dénutries », à savoir celles dont l’IMC est en dessous de 18 (loi existant en Espagne depuis 2012).

Pourquoi ces amendements ont été refusés ?

Au-delà du probable enjeu financier dans lequel sont vraisemblablement impliqués de nombreux « acteurs » hauts placés, la raisons invoqué par les députés est la lutte contre la discrimination à l’embauche.
Et c’est là que les choses sont finalement plus compliquées qu’il n’y parait : un IMC très bas (en dessous de 18) peut être physiologique chez certaines personnes. 
D’après les statistiques, 3.5% de la population française aurait naturellement un poids en dessous des normes, aussi riche puisse être leur alimentation. 
Si ce pourcentage parait bas, il concerne tout de même plus de 3 millions de femmes entre 18 et 25, susceptibles de postuler dans le mannequinat. Un chiffre non négligeable donc.

Quelles solutions envisager alors ?

Pas de discrimination certes, mais nous pourrions imaginer une image de la femme via les publicitaires plus proche de la réalité ?

Il faudrait pour cela que les mentalités changent et que les mannequins puissent être aussi diversifiées que la population française, avec par exemple des quotas à respecter : une majorité de femme dont l’IMC serait proche de 23 (sans appellation grande taille évidement), une minorité de femme à l’IMC proche de 18 et quelques mannequins vraiment grande taille (IMC proche de 30).

Solution envisageable ou douce illusion ? Difficile à dire, mais une chose est sûre : il s’agit bien là d’un vrai problème de santé publique, et le député Olivier Veran (rapporteur du projet de loi) ainsi que la ministre de la santé, semblent bien décidé à continuer leur combat sans baisser les bras.






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